Plus j'étais effrayée par la mort,

plus je m'accrochais à ma souffrance

et plus je m'accrochais à ma souffrance,

plus j'étais effrayée par la mort.


 J'ai longtemps vécu le souffle court, dans l'enfer des pratiques d'auto-sabotage et des relations toxiques, ne sachant pas que cet enfer résultait d'un 'fonctionnement intelligent' qui m'avait servi de protection enfant.

 

Cette protection, oh combien nécessaire pour l'enfant que j'étais, était devenue prison infernale pour l'adulte que je suis devenue. Paralysée de peur, j'étouffais à chaque respiration, figée dans un déséquilibre permanent pour rester dans la sécurité de ma prison. Rien ne pouvait plus me sauver. La mort n'était pas imminente, la mort m'avait touchée.

 

La situation est devenue si intenable que l'esprit a dû briser ma matière humaine pour se libérer.

 

Un jour qui n'a pas laissé de trace dans mon souvenir, mon corps s'est mis en mouvement, sans aucun effort, à partir d'une immobilité que je ressentais en moi. Je dansais, naturellement...

Trouver 'l'immobilité en soi', c'est trouver ce qui est inaltérable en soi, ce qui est toujours là, quelles que soient les conditions extérieures de vie, trouver 'cela' en soi relève de l'art de faire bouger en soi ce qui est figé et douloureux. C'est une approche qui passe par le ressenti d'un 'courant de vie' en soi, c'est ce courant qui donne le mouvement et vous permettra de danser plus librement, de chanter plus librement, d'écrire plus librement, une liberté qui ne doit rien à votre personne. C'est une immobilité vivante et vibrante. C'est une réalité énergétique.

 

Il faut comprendre que toute notre existence est fondée sur un 'socle sécuritaire' fait de conditionnements, de vieilles souffrances, de croyances et autres définitions de nous-mêmes. Il faut savoir que 'cet endroit' construit de toutes pièces implique une insécurité permanente et génère des angoisses et d'innombrables peurs. Nous l'expérimentons régulièrement et pourtant nous ne voulons pas sortir de 'cet endroit' car nous nous y sentons 'chez nous'... jusqu'à ce qu'un 'coup' soit plus fort que les autres et brise notre fondation.

 

Quand notre fondation vole en éclats, nous réalisons que rien ne peut plus nous sauver si ce n'est nous extirper enfin de notre maison bancale. Nous comprenons alors que nous nous étions juste accaparé un endroit en nous et l'avons pris pour notre 'chez soi'. Mais notre vraie maison n'a ni mur ni toit et le temps est venu d'explorer l'espace infini que nous sommes en réalité, un espace peu sûr pour notre personne mais régénérant pour tout notre être.

 

Quand 'ce qui est plus grand que nous', 'ce qui nous dépasse', est ressenti de l'intérieur, dans sa chair, quand nous ne pouvons plus jouer avec nous-même en nous divertissant par tous les moyens de ce qui veut s'exprimer en nous, quand nous ressentons la nécessité de prendre au sérieux tout ce qui vit à l'intérieur de nous, grandes frayeurs comme vertiges abyssaux, alors... peut-être le temps est venu de 'faire face' et partir à la découverte de cette vie intérieure que personne ne veut vraiment affronter car elle est la porte d'entrée d'un bien grand mystère.


Les douleurs psychiques sont gravées dans la chair,

seule la chair peut les expulser.


Nous sommes 'solidifiés' par trop d'accumulations psychiques (émotions, peurs, dénis) et mentales (doutes, pensées, croyances, imaginations). Cette fausse solidité nous donne un sentiment de sécurité mais cette sécurité est illusoire car notre nature profonde n'est pas solide.

 

Ce trop plein d'accumulations nous sécurise d'un côté et d'un autre côté, il renforce nos peurs face à l'insécurité de la vie. Alors, nous nous 'solidifions' un peu plus avec de l'émotion et de la pensée et notre besoin en sécurité ne fait qu'augmenter.

 

Nous avons maintenant un tel besoin de sécurité que nous sommes prêts à nous contracter, à retenir notre respiration, à mourir pour nous sécuriser 'à mort'.

 

Nous avons basculé dans un 'mal' fondé sur une illusion de départ : 'nous sommes puisque nous pensons'. Nous avons tout misé sur la pensée en ne laissant plus aucune place au ressenti. Nous avons perdu l'équilibre.

 

Quelle plus belle révolution en soi que celle de retrouver l'équilibre ! Un équilibre qui connait les extrêmes et les embrasse, un équilibre incarné dans son corps, un équilibre qui englobe la maladie, un équilibre qui révolutionne toutes les révolutions extérieures, un équilibre qui ne peut oublier l'amour véritable, un équilibre toujours à équilibrer, un équilibre à vivre intensément, un équilibre toujours sur le fil de la vie... Le fil du rasoir... Quand le fil du rasoir de la vie touche la peau, il y a toujours un risque de coupure... Mais il ne s'agit que de trancher dans la matière du faux en nous et révéler la vérité de notre nature, une nature inimaginable.

 

L'équilibre n'est jamais figé une fois pour toutes. Il n'est pas un but à atteindre mais un défi de chaque instant. Il se réalise en avançant à notre rythme, tel un funambule qui doit faire avec le vide. Le vide est à l'extérieur mais aussi à l'intérieur de nous. Fuir le vide ou le combattre en nous ne peut pas nous aider car ce vide, paradoxalement, nous constitue.

 

Vivre en équilibre revient à savourer le vide en nous, épouser ses caractéristiques, s'y donner comme on se donne à l'amour.

 

Cela n'est ni morne, ni tiède, ni gris, ni blanc ou noir, ni conceptuel, ni idéal. C'est vivant. C'est ressenti. C'est toujours naissant. C'est toujours libre d'attachements.

 

Etre attaché(e) n'est pas un signe d'amour mais un signe de lien. L'amour détache de tout lien, le détachement convoque la mort de toute espérance, la mort de toutes croyances. A la fin, c'est la Vie qui s'invite.

 


L'humanité n'est pas vouée à être sauvée.